La reproduction du chinchilla

Précautions préliminaires et mise en commun

Premièrement : Attention à l'âge de la femelle

La femelle n’est apte à procréer qu’à partir de l’âge de 9 mois et avec un poids de 500 grammes minimum. Or,certaines femelles peuvent déjà être sexuellement matures dès l’âge de 4 mois. D'où l'importance de garder les jeunes femelles à l'écart des mâles jusqu'à ce que ces deux conditions soient réunies.

 

Si ces précautions ne sont pas respectées, votre femelle encoure différents risques pour sa propre croissance ou celle de ces petits, comme par exemple :

  • La croissance de la mère peut être interrompue par manque de calcium ce qui augmente les risques de fractures et de malocclusion dentaire.
  • L’expulsion du fœtus peut être difficile, ce qui entraîne des paralysies au niveau des pattes arrières car la femelle est trop petite. L’expulsion peut même être impossible, ce qui impose une césarienne d´urgence.
  • Le fœtus peut cesser de se développer et mourir à l’intérieur de l´utérus ce qui entraîne la perte de la mère.

Deuxièmement : attention à la mise en commun

Elle doit être réalisée en terrain neutre pour éviter les problèmes dus à la défense d’un territoire. Vous pouvez éventuellement utiliser un parfum ou un déodorant pour neutraliser les odeurs des deux futurs amoureux.

 

Une première mauvaise expérience entre deux chinchillas peut compromettre définitivement la réussite de la mise en commun.

 

S’ils manifestent une quelconque agressivité, utilisez une cage basse (12 à 15 cm de haut) pour éviter le redressement des chinchillas qui est leur posture de défense. Ils pourront alors faire connaissance et s’habituer l’un à l’autre.

 

La façon la plus simple et la plus naturelle, qui se passe en douceur, reste la technique qui consiste à placer les deux futurs cohabitants dans deux cages qui seront placées côte-à-côte.

 

Pensez bien à intervertir les chinchillas de cage chaque jour, de manière à ce qu'ils s'habituent l'un et l'autre à l'odeur de leur futur partenaire.

 

Après avoir procédé de cette manière pendant 8-10-15-30 jours, vous pourrez alors penser à les lâcher, sous surveillance évidemment, dans une pièce de la maison où ils pourront alors faire plus ample connaissance.

 

Au bout de quelques jours où vous avez pratiqué ce système de balades communes, si tout semble bien se passer et que les chinchillas ne présentent aucune agressivité l'un envers l'autre, vous pourrez les mettre ensemble (toujours sous surveillance plusieurs jours et surtout en soirée) dans une des cages pour qu'ils puissent couler, ensemble, des jours heureux.

 

Préférez la mise en commun dans la cage en matinée car ils ont tendance à être moins actifs, et donc moins enclin à de l'agressivité.

 

Tout ceci sans perdre de vue que les chinchillas sont des êtres vivants avec chacun leur caractère et leurs affinités et par conséquent, il reste toujours possible que certains chinchillas n'accepteront jamais la cohabitation.


Saillie et gestation

La saillie

On peut remarquer qu’une femelle est en chaleur lors de l’ouverture du vagin entre l’anus et le canal de l’urètre. La période d’ouverture du vagin peut être de plusieurs jours alors que la période de fécondité, elle, ne dure que quelques heures.

 

L’accouplement se produit en soirée, au réveil, et se répète plusieurs fois durant la nuit. Après cet accouplement,la femelle émet un stoppeur de saillie, sorte de bouchon constitué d’un excédent de sperme enrobé dans une enveloppe sécrétée par le vagin. Il est de forme plus ou moins cylindrique et mesure à peu près deux centimètres de long pour quelques millimètres de diamètre. Il est le signe que l’accouplement à bien eu lieu, ce qui ne veut pas dire il y a eu fécondation !!!

Il est dans certains cas possible de le retrouver dans la cage bien que ce soit assez difficile et il arrive aussi que les chinchillas le fassent disparaître.

 

Attention, accouplement ne veut pas dire fécondation, ce qui signifie que le fait de retrouver un stoppeur de saillie dans la cage de vos amoureux ne veut pas nécessairement dire que 111 jours plus tard ils auront des rejetons. Par contre, si vous constatez par la suite que votre femelle est bel et bien gestante, la date de découverte du bouchon constituera un élément qui vous permettra de prédire avec un maximum de précision le moment d'arrivée de la progéniture.

La gestation

Il existe différentes manières pour savoir si une femelle est gestante :

 

  • La palpation : elle est très efficace mais toute aussi délicate puisque mal effectuée elle peut provoquer un avortement. Grâce à la palpation il est possible de déceler une grossesse dès 3 à 4 semaines.
  • La pesée : elle consiste à peser votre femelle tous les 8 jours. Si vous remarquez une prise de poids de l’ordre de 20 grammes en 15 jours, c’est un premier signe. Si un mois plus tard la femelle a encore pris une vingtaine de grammes, vous pourrez alors en déduire qu’elle est pleine. C'est le moyen le plus simple et qui ne présente aucun risque pour votre femelle. Par contre, elle rend difficile l'estimation du nombre de bébés.
  • L'examen des tétines : il vous faudra pour cela souffler sur la fourrure. C’est lors d’une première portée que le changement est réellement flagrant car les tétines passent de la taille d’une tête d’épingle à une longueur de plusieurs millimètres. De plus la couleur de ces tétines passe du blanc au rose. Chez les femelles non primipares (qui ont déjà eu des petits) seul le changement de couleur peut servir d’indicateur.

 

La gestation dure en moyenne 111 jours (entre 108 et 121).

 

Durant cette période la femelle peut adopter une position assez spéciale voire inquiétante: elle se couche en arc de cercle de manière à protéger sa progéniture.

 

Il est conseillé d’augmenter légèrement la ration journalière de nourriture d’une femelle gestante.


Mise bas et allaitement

La mise bas

Tout d’abord lorsque la mise bas est proche, il faut veiller à plusieurs petites choses :

 

  • Retirer le bain de sable de la cage quelques jours avant la mise bas et ne l’y remettre qu’une bonne semaine après pour éviter les risques d’infection au niveau du vagin de la femelle (métrite). Pour les mêmes raisons, il faut que la cage soit bien propre.
  • Il faut également veiller à ce que la température ne descende pas sous les 15°C, car les petits naissent trempés et pourraient facilement attraper froid.
  • Il faut enlever le mâle non pas parce qu'il blesserait les bébés mais parce que votre femelle a plus de deux jeunes/a été fortement affaiblie par une mise bas/ elle est déjà âgée ou elle en est déjà à sa deuxième portée consécutive. Sachez que dans les 24 heures, votre femelle est à nouveau en chaleur et donc réceptive à une nouvelle grossesse. Il sera donc nécessaire de séparer le mâle pendant des semaines voire des mois.
    Une bonne solution est de mettre une plus petite cage dans la plus grande pour y mettre maman et ses bébés hors de portée de papa mais tout en gardant un contact permanent .
    Cette petite cage permet durant ces premiers jours aux petits de garder maman tout près d'eux pour pouvoir manger et rester bien au chaud en permanence. Il vous faudra attendre le sevrage des petits à 3 mois ainsi que 15 à 30 jours de plus avant de pouvoir refaire l'essai comme expliqué dans le chapitre mise en commun.

 

Après la mise bas, chez le chinchilla, comme chez d'autres espèces, la femelle revient systématiquement en chaleur dans les 24 à 48 heures qui suivent... Parfois même plus tôt et il a déjà été vu qu'une femelle ait pu être ressaillie avant même la mise bas ! En effet, le couple a été séparé 2 jours avant la naissance et pourtant 111 jours plus tard, les suivants arrivaient !

 

Il peut donc être précieux de pouvoir déterminer la date de mise bas de la femelle pour la séparer du mâle quelques jours avant la mise bas et pour plusieurs mois après.

La mise bas se produit le plus souvent tôt le matin. Si elle n’a lieu qu’en fin de matinée voire pendant l’après-midi, c’est souvent le signe de complications.

La femelle expulse le premier petit en quelques minutes, coupe le cordon ombilical et déchire la poche. Ensuite elle le lèche afin de le sécher et puis expulse le suivant... et ainsi de suite s'ils sont plus de deux (ce qui n'est pas souvent le cas).

Si la femelle a beaucoup de jeunes, elle risque d’être épuisée : vous pouvez alors tout à fait l’aider en retirant une poche éventuellement mal déchirée et sécher ainsi que réchauffer délicatement les petits à l’aide d’un tissu doux.

 

La mise bas est terminée lors de l’expulsion du ou des placentas que la femelle va faire disparaître en les mangeant, ce qui est un comportement parfaitement normal qui lui permettra de récupérer des forces.

Par contre, si elle a expulsé des fœtus résorbés ou des petits mort-nés, il faut les retirer afin de l’empêcher de les faire disparaître de la même manière, ce qui pourrait provoquer de graves constipations.

 

Si la mise bas se prolonge pendant de longues heures, c’est en général qu’un jeune se présente mal, ou qu’il peut y avoir un autre problème. Il faut donc aller chez un vétérinaire qui pourra l'aider.

La femelle ne se prépare pas à cette mise bas, et de ce fait, ne construit pas de nid. Les petits sont nidifuges c’est-à-dire qu’ils naissent complètement formés, ils ont les yeux ouverts, ils ont déjà leurs dents, ils sont recouverts de poils tout comme leurs parents et après quelques heures déjà ils courent dans la cage. C’est ce qui explique la longueur de la durée de gestation.

 

Dans leur milieu naturel, les petits doivent être tout de suite autonomes pour garantir leurs chances de survie dans un milieu hostile où ils sont entourés de nombreux prédateurs. Une portée de bébés chinchillas se compose en général de deux ou d’un seul petit, parfois trois, rarement quatre et exceptionnellement cinq ou six (les petits n’étant souvent pas viables !).

L'allaitement

 

 

Mamelle d'une femelle allaitante 

La femelle possède trois paires de tétines mais seules les deux tétines antérieures sont réellement fonctionnelles, deux autres sont souvent inutiles et les deux du milieu ne produisent souvent du lait qu’en petite quantité. C’est pourquoi il arrive lors de portées nombreuses que les petits se battent et les plus forts auront vite fait d’évincer les plus faibles. Mais quelques cas de femelles à la maison et chez des amis ont déjà réussi sans peine et sans aide à élever une progéniture de 4 bébés avec 6 tétines parfaitement fonctionnelles.

 

Si malheureusement vous subissez le problème du surnombre, que votre femelle ne produit pas ou pas assez de lait ou que vous avez malheureusement perdu votre femelle, deux solutions s’envisagent :

 

  • L’allaitement artificiel : contraignant mais efficace. Il faut absolument que les petits aient pu avoir téter du colostrum (lait produit par la mère durant les premières 48 heures qui permet aux petits de former des anticorps sans lesquels leurs chances de survie sont nulles), ensuite demandez rapidement à votre vétérinaire ce que vous devez donner comme lait en poudre pour chatons.
    Pour les proportions et les horaires des tétées, cela dépend des cas de figure: portée trop importante, mère ayant trop peu de lait, décès de la mère, etc. Vous pourrez biberonner vous petits à l'aide d'un seringue de 1 ml dans un premier temps, en moyenne toutes les deux heures, nuit et jour les deux premières semaines. Il est également conseillé d'adapter un embout plus fin et plus souple à la seringue (l'idéal étant un embout pour vaccination nasale des chats).
  • Mères de substitution. Elles ne doivent avoir qu’un petit ou une portée dont les jeunes peuvent être sevrés (minimum six semaines parfois cinq en fonction du poids des jeunes (+/- 200g). Malheureusement cette méthode n’est pas toujours efficace car quand bien même la mère accepte le(s) jeune(s), ce sont eux qui peuvent se laisser mourir en refusant d’aller téter une autre maman.

 

La combinaison de ces deux méthodes semble représenter la meilleure alternative... Placer les jeunes à une mère de substitution tout en l'aidant par des biberonnages d'appoint qui, par ailleurs, pourront être plus espacés.

 

Il arrive malheureusement que pour diverses raisons les petits se battent quelques heures après la naissance et s’infligent parfois de sévères blessures. Il faut dans ce cas les montrer rapidement à un vétérinaire.
Si vous constatez que les petits se battent de manière inquiétante, pour éviter d'en arriver à ce stade il est souvent bon de donner quelques gouttes de lait artificiel dès le premier jour de manière à apaiser les belligérants.
Souvent dès que les jeunes ont dégagé et activer chacun une mamelle, tout s'apaise et maman chichi se débrouillera sans plus aucune aide.


Sevrage et croissance

La croissance avant le sevrage

Durant les 24 à 48 heures qui suivent la mise bas, il est normal que les jeunes perdent 2 à 4 grammes environ (attention à bien les peser lorsqu'ils sont bien secs pour éviter les frayeurs car la différence est importante, de l'ordre de 3 à 5 grammes).

 

Après cette perte de poids "normale" il est important que le poids du bébé vers le troisième jour se stabilise puis reparte vers le haut avec une prise de 1 à 3 grammes par jour.

 

Un indicateur fiable de l'état de santé des bébés est la manière dont ils tiennent leur petite queue lorsqu'ils se déplacent. Lorsqu'ils sont en bonne forme, les petits (vers les 2 à 3 jours) tiennent la queue bien dressée et courbée vers le haut pendant leur déplacement ; en revanche, s'ils laissent traîner leur petite queue au sol sans tonus, c'est souvent un mauvais signe...

 

Après quelques jours déjà, les petits en bonne santé vont commencer à s'intéresser à la nourriture de leurs parents et vont rapidement y goûter. Après 6 à 8 semaines, les petits devraient atteindre 175 à 200 grammes au minimum sauf incident, portée nombreuse, etc.

Le sevrage

Une fois ces 8 semaines et 250 grammes atteints minimum, il est temps d'envisager le sevrage.

Il est important de ne pas attendre plus que nécessaire pour sevrer les jeunes car si on le les sépare pas, ils continuent à téter leur mère, ce qui à pour conséquence de l'épuiser. Un autre risque serait la saillie par les mâles de la mère si la séparation tarde trop.

 

Il ne faut pas non plus sevrer en dessous de 8 semaines !

 

Il est idéal de placer les nouveaux sevrés avec d'autres jeunes si cela est possible pour leur permettre de continuer leur apprentissage et leur sociabilisation.

 

Attention cependant à ne pas laisser des mâles et des femelles ensemble après l'âge de trois mois, sans quoi, vous ne serez pas à l'abri des risques de gestations précoces et toutes les complications qui en découlent...

La croissance après le sevrage

A partir du moment du sevrage, deux facteurs sont à surveiller de près :

 

  • L'évolution du poids de l'animal. Il est très probable de les chinchillas ne prennent pas de poids voire même qu'ils en perdent un peu durant quelques jours mais tout cela doit rentrer dans l'ordre au bout de quelques jours.
    Il est important de peser les petits tous les 1 à 2 jours à heure régulière, c'est à dire, dans l'idéal, avant des les nourrir de manière à les peser toujours dans un état physiologique comparable.
    Ensuite consigner les évolutions de poids par écrit de manière à pouvoir juger sur la globalité.
  • L'éventuelle apparition de crottes molles qui est due à un changement brutal dans la vie d'un jeune chinchilla. En effet son alimentation est modifiée car il n'ingère plus de lait maternel et doit se contenter de la nourriture solide qui est à sa disposition.
    Dans ce cas d'apparition de crottes molles, il faut donner suffisamment de foin et éventuellement mettre des probiotiques dans leur eau de boisson de manière à aider leur flore intestinale à se reconstituer correctement.

 

Si votre chinchilla, suite au sevrage, continue pendant plus d'une semaine à perdre du poids ou à avoir des crottes molles voire liquides, il sera impératif de consulter votre vétérinaire avec des prélèvements de matière fécales récoltées sur plusieurs heures afin de réaliser une analyse coprologique (en laboratoire) qui vous indiquera un éventuel traitement à appliquer.